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    Tout à coup… un grincement sinistre me « glace le sang » ; on aurait dit un animal qui agonise, ce genre de complainte que l’on n’oublie pas, je m’avance vers le garage d’où est sorti ce triste son, et là, STUPEUR !! Derrière le bâtiment, un superbe camion rouge qui vient de s’affaler au sol sous les doigts experts des chalumistes. Je ne peux m’empêcher de traiter ces hommes de tous les noms d’oiseaux qui me viennent à la bouche. Je temporise enfin un peu car ils ne font que leur travail !! « Nous, on ne récupère que le moteur et la boîte à vitesses, le reste part à la benne ! » me dit un ouvrier que je viens d’apostropher ; « prenez ce que vous voulez » me dit un autre. Mais quel gâchis, un camion encore en bon état, complet, et là, je ne peux m’empêcher de regarder à l’intérieur de la cabine qui est au sol.  Je retrouve ainsi le carnet de bord, je m’aperçois que ce véhicule vient d’un petit centre de secours du nord de Toulouse. Tout à coup, tous les souvenirs de mon enfance : le feu à « las Pouilles », l’école, tout cela remonte à la surface. Une sensation d’impuissance envahit mon corps, je me mets à rêver tout éveillé. J’imagine l’émerveillement, qu’a dû procurer ce camion à un gamin ou autre habitant de ce petit village. Le sacrifice financier de cette municipalité quand elle a dû acheter ce camion tout neuf, le bonheur et l’espoir qu’il a sans doute apporté à tous les sinistrés, qu’il a réconforté uniquement par sa présence. La joie qu’il a dû procurer lors des manifestations, le bonheur des sapeurs-pompiers qui ont eu l’honneur de le connaître tout neuf à sa réception sortie d’usine. Je souffre à l’intérieur de moi-même, je culpabilise à l’idée de ne pas sauver ce genre de véhicules qui font partie de notre patrimoine. Je reste là, à «rêvasser» pendant plus de 2 heures autour de cette épave comme un enfant à qui on aurait enlevé ou détruit son jouet favori. Il faudra que Jean-Pierre, le responsable du parc, me sorte de ma léthargie passagère en me disant : « qu’est-ce-que tu fais, tu ne vas pas le remonter non ? Allez t’as trouvée ta pièce ? » Et là, lui aussi, je ne peux m’empêcher de le traiter de tous les noms, pour avoir cassé un si bel objet. « T’en fais pas me dit ‘il, dès que j’en rentre un autre, je te le fais savoir ».

    Voila comment une nouvelle passion va voir le jour chez moi. Je ne peux, hélas, les sauver tous ; mais un ou deux ? Je m’y engage sur le champ silencieusement pendant le retour vers la maison. A la prochaine rencontre avec Mr le maire, je lui demanderai pour le « Berliet ». Un mois plus tard, je rencontre fortuitement Gilbert Sieurac et lui fais part de mon désir de sauver le camion de mon enfance. Il me rétorque que lui, il ne vendrait jamais ce camion tant qu’il serait à la tète de la municipalité. « Mon successeur fera ce qu’il voudra, pour moi, c’est non ! » J’apprends aussi par la même occasion que le moteur est hors service. Une maladresse d’un employé municipal serait à l’origine de la panne. Un sentiment de colère monte en moi, car pour « casser » une telle mécanique il faut le faire presque exprès ! Encore un, qui n’a pas du connaître Mr Lanaspèze et qui a du se croire au volant de ces nouveaux camions sans âmes, tous formatés, au point de ne plus faire la différence entre un modèle ou un autre de marque concurrente ! Comme j’ai gardé quelques contacts avec le milieu « pompiers » je m’empresse de faire passer le message comme quoi j’aimerai bien sauver quelques camions rouges afin de monter une petite collection privée. Une vente de matériel est justement organisée par le SDIS(17) 09 et je me porte acquéreur d’un CCF Unimog U 404 qui était auparavant affecté au CS Laroque d’Olmes. Ce fût le tout premier engin de ma collection.

    Je fais la connaissance d’un sapeur-pompier de l’aéroport de Paris, collectionneur à ses heures perdues, qui me « cède » un Berliet Gak 17 du célèbre village de Sainte-Mère-Église. Le prix d’achat est correct, mais il faut aller le chercher dans le département de l’Aisne (02) soit à plus de 900km de Lézat ! Bigre, pas moyen de le ramener par la route, la distance est trop importante. Je me mets à la recherche d’un transporteur, une tâche qui va devenir presque mission impossible au vue des prix pratiqués. Mais, c’est sans compter sur l’entêtement de votre serviteur. Encore une fois, je vais me servir de mes « connaissances » lors de mon passage au garage Cavé. En effet, j’ai gardé le contact avec des représentants-voyageurs, grâce à leur concours, ceux-ci me mettent en contact avec un transporteur de moissonneuse-batteuse à qui je demande son aide. Cela ne va pas poser de problème, car avec son « porte-char » il monte en Angleterre amener des


     

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    En 1990, c’est le Lieutenant Robert BLANDINIERES qui prendra les rennes. Entre temps, la départementalisation aura doté le centre de plusieurs véhicules dont des VSAB (ambulances) ; car désormais la mission des sapeurs-pompiers sera étendue aux secours à la personne et deviendra la principale cause des sorties en interventions.

    A plusieurs reprises, le Lieutenant Lanaspèze me sollicitera fermement à rejoindre les rangs des combattants du feu ; j’aurais été, me dira-t-il, un élément parfait, bref tout ce qu’un chef de corps peut espérer et attendre d’un volontaire. Mon refus sera toujours catégorique car hélas dans l’équipe des sapeurs-pompiers de Lézat, de ce temps là, il y a un individu sous-officier avec lequel je ne pourrais jamais m’entendre, car ce bonhomme à l’art de m’exaspérer par son arrogance, un personnage « non intéressant » comme aurait dit mon « papi », un « boufano ». Alors plus tôt que d’être en conflit permanent avec ce genre de personnage, je préfèrerai ne pas honorer les demandes du chef de corps et de ne pas faire partie des SP lézadois. Je voudrais quand même rendre un hommage à ce chef de corps qu’a été Mr Gérard Lanaspèze car il a su diriger le centre de secours et surtout « bichonner » tous ces véhicules avec un soin particulier, tellement passionné, qui a permis à ce que le centre de secours de Lézat ne connaisse pas de problèmes particuliers jusqu’en 1992, date à laquelle je quittais mon emploi de mécanicien pour reprendre l’exploitation familiale. Je passerai ici sous silence toutes les aventures que j’ai vécu en tant que responsable du matériel, les diverses réparations effectuées avec passion, les rencontres improbables, les moments de reconnaissances qui font chaud au cœur et la complicité avec certains sapeurs-pompiers, qu’ils en soient tous remerciés.

    Comme je le dis plus haut, le garage Cavé en 1991, arrêta son activité de mécanique générale et se consacra uniquement aux contrôles techniques des véhicules automobiles. Après avoir subit cette mutation et après quelques mois de ce tout nouveau travail, où l’on se serait cru dans « les temps modernes » de Charly Chaplin, à la vue de cette tâche tellement répétitive, je préférai quitter ce milieu et reprendre l’exploitation familiale. Ma maman vient de faire valoir ses droits à une retraite bien méritée. Je laisse donc encore une fois « mon Berliet » entre d’autres mains et à un avenir incertain.

    Me voila donc dorénavant « exploitant agricole » comme ils disent dans le milieu de la profession. Moi je me considère juste comme un agriculteur de base. J’en vois quelques-uns qui ricanent dans mon dos, car pour eux, je ne suis pas des leurs puisque je suis parti travailler à la « ville », mais comme j’ai toujours adoré ce métier, la mutation se fera sans problème. J’assiste de très loin à la modernisation du centre de secours de Lézat, de la construction de la nouvelle caserne route de Castagnac. J’apprends que le « Berliet » est à son tour mis à la retraite mais qu’il continuera à servir aux employés municipaux. Ma nouvelle activité débordante, néanmoins tellement intéressante, m’éloignera encore plus de la passion « pompier ». Voilà que pour le camion de l’exploitation, qui commence à avoir un âge avancé, je dois me rendre dans une grande entreprise de démolition de camions dans la banlieue toulousaine afin de récupérer des pièces plus fournies par le concessionnaire local. Comme j’ai été mécanicien pendant près de 22 ans, j’ai quand même gardé le contact avec certaines personnes du milieu automobile et je retrouve, sur le « parc » de la dite « casse », le chef de chantier que je connais depuis plus de 15 ans. La confiance est là, je lui expose mon problème et me dis : « Vas tout au fond du parc et prends ce que tu as besoin, fais comme chez toi ! ». Je m’avance donc vers un véritable labyrinthe de ruelles faites d’épaves diverses de poids lourds, de véritables montagnes de ferrailles en tous genres, de carcasses de pneus... Je chemine lentement à travers les boulons et autres rondelles qui jonchent le sol ; je vois, de ci-de-là, des camions encore en bon état mais qui vont finir en banque de pièces détachées.

     


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    lui permettent pas d’établir dans cette localité soit une compagnie, soit une fraction de compagnie. La ville de Lézat possède deux pompes à incendie qui, dans les occasions, sont manœuvrées avec dévouement et intelligence par les charpentiers, maçons couvreurs et autres ouvriers du bâtiment ! J’avais récolté, il y a quelques années déjà, le témoignage de Joseph Courneil, qui en 1915 était ouvrier agricole au château de « Lastronques » et qui se rappelait qu’il avait dû « descendre » au village avec un cheval à « bride abattue » pour venir chercher une pompe. Lorsque celui-ci s’en retourna au château, une bonne partie de la toiture était déjà la proie des flammes et le concours de la pompe s’avèrera presque inutile.

    Les choses devaient rester dans cet état jusqu’au 3 décembre 1934. Quelques mois plus tôt, un jeune conseiller municipal, Joseph Pradeau, prend à cœur de créer un corps de Sapeurs-Pompiers. Pressentis, 20 artisans du bâtiment répondent avec enthousiasme à cet appel. Il confie la direction à Monsieur Deups, entrepreneur de travaux publics à Lézat. Celui-ci structure administrativement et techniquement la nouvelle organisation sur des bases établies avec minutie, dont le corps garde l’empreinte indélébile malgré la départementalisation dans les années 1990. Une moto pompe remorquable Drouville 45m3 avec ses tuyaux de refoulement : 600m en 70mm, 300m en 45mm et les accessoires, remplacent la pompe à bras…. Quel changement ! Ce système de défense supprime le tapis roulant humain qui faisait circuler les seaux d’eau alimentant le bac ; il permet de mettre plusieurs lances en manœuvre avec une pression et une portée qui ne peuvent être comparées au faible jet de l’ancienne et unique lance. Pendant plusieurs années les sapeurs- pompiers lézadois doivent se contenter de cette unique moto pompe, qui, lors des incendies, est remorquée par les camions des professionnels du bâtiment.  Souvent, c’est le « Renault » du marbrier Jean Philibert, à qui il incombe la tâche de servir de chauffeur étant lui-même pompier de la ville. Paul Louge, aujourd’hui disparu, avait quelques anecdotes croustillantes sur l’organisation et sur l’efficacité du centre de secours à cette époque-là. En 1938, le conseiller municipal Joseph Pradeau est élu maire de Lézat (de 1938 à 1968, date de sa disparition). Un maire visionnaire que ne connaissent hélas les communes rurales qu’une fois par siècle… Afin d’économiser les finances communales, Joseph Pradeau achète divers engins d’occasion au service de sécurité de l’O.N.I.A (AZF) où il est ingénieur. Une super autopompe Delahaye 60m3 vient renforcer le parc des sapeurs-pompiers lézadois ainsi qu’une MPR(16) 60m3 Guinard, une échelle métallique remorquable de 18 mètres. Finies les interventions avec la MPR tirée par des camions privés, ça y est le centre de secours de Lézat possède désormais un engin autonome et quelle avancée dans la modernité !

    Mais toujours en homme avisé Joseph Pradeau ayant compris, bien avant ces concitoyens, que Lézat allait vers un développement amorcé après la guerre de 39-45, voilà qu’en 1955 il dote le Corps Communal du : « Fourgon pompe tonne « BERLIET » flambant neuf !! Hé oui le fameux « Berliet de mon enfance » !!! Il crée aussi sous la terrasse de l’hôtel de ville, une réserve d’eau en utilisant une ancienne citerne du monastère, à côté de laquelle deux nouvelles citernes sont construites, ce qui contient 120m3 d’eau. Joseph Pradeau n’a pas hésité à faire profiter les communes avoisinantes de son organisation contre l’incendie et autres sinistres. Plus tard, il accepte que le corps communal devienne « centre de secours » et défende 9 communes du canton. Ce secteur s’agrandit en 1958, car à la vue de la situation géographique de Lézat 6 communes de la Haute-Garonne lui sont rattachées. Après le décès de Mr Pradeau en 1968, c’est le caporal Roger Monereau, élu maire, qui a la lourde tâche de lui succéder à la tête de la municipalité. Il doit quitter le Corps des sapeurs- pompiers après 17 années de service.

    La direction du Corps a été successivement assurée par l’Adjudant DEUPS (premier chef de corps), l’Adjudant DUPUY, l’Adjudant FAJADET, le Lieutenant PEZE, le Lieutenant GONDAL. En 1971 c’est le Lieutenant LANASPEZE qui prend la direction du centre et avec lequel je vais avoir le privilège de travailler, ainsi qu’avec son « adjoint » l’Adjudant SENTENAC.